Jacques Gréco Sociologue, Président du “Collectif Pince oreilles“
J’étais déjà sorti conquis par les créations de spectacle pour enfants de Nelly, mais je n’étais pas encore préparé au ravissement suscité par ses talents de chanteuse de Bossa Nova. Est-ce ainsi que l’on traduit parfois le terme brésilien de Bossa Nova un “nouveau talent“ ? Il y a en tout cas de la continuité dans son œuvre, guidée par la culture brésilienne et tout particulièrement cette langue qui s’offre comme une rivière à toute une variété d’interprétations, passant du petit ruissellement à la fougue d’un torrent, puis aux vapeurs célestes des chutes de l'Iguazú. Le mot et la mélodie forment deux musiques et on ne sait laquelle vient en contrepoint de l’autre. On y parle d’amour, de mélancolie ( la saudade : « la tristesse n’a pas de fin mais le bonheur, lui en a une »), de la solitude d'une rue d'Ipanema, de l’image de la femme et de son corps sublimé - objet de fantasme, de nature de soleil et de mer, de l’absurde, de l’humour de l’amour et de la mort.
Nelly doit à Gina, pianiste brésilienne de Natal, immergée depuis son enfance dans ce jazz brésilien, de s'être lancée dans cette aventure de mise en bouche très personnelle de la langue portugaise. Nelly se joue ainsi du relatif classicisme musical de la bossa en multipliant les improvisations vocales qui de Diva la transforme en chat, se jouant de ruptures sonores, claquements de langue, sons de gorges qui surgissent et se muent en sifflement. La voix devient un instrument au même titre que le piano de Gina et les percussions de Tom qui l’accompagnent.
Ils étaient trois sur la scène, trois chanteur et musiciens qui ce soir-là ont fait lever le soleil …